Le LDAR, au coeur des grands enjeux environnementaux
LDAR
Santé humaine, santé animale, environnement, agriculture… Le Laboratoire Départemental d’Analyses et de Recherche (LDAR) du Conseil départemental de l’Aisne est un pôle d’expertise scientifique reconnu en France et dans plus de 20 pays !
LA PAROLE À…
Fabrice MARCOVECCHIO, Chargé d’affaires au LDAR
LDAR en quelques mots
« Notre laboratoire a un peu plus de 130 d’existence ! Il est né de la fusion de la station agronomique de l’Aisne, du laboratoire de diagnostic vétérinaire et du laboratoire d’hydrologie. La station agronomique de l’Aisne, créée à la fin du XIXe siècle, est à l’origine de nombreuses avancées et évolutions agricoles. Je pense notamment au bilan prévisionnel de l’azote, qui permet aux agriculteurs d’apporter les quantités nécessaires d’engrais à leurs cultures tout en préservant l’impact environnemental. Cette méthode est aujourd’hui reconnue et utilisée partout en France ! », souligne Fabrice Marcovecchio, expert en matières fertilisantes et chargé d’affaires au LDAR. Arrivé au sein de ce laboratoire public en 1989, Fabrice Marcovecchio a d’abord travaillé au développement de la structure et à la qualité des résultats, sur la partie automatisation et sur l’émergence de nouvelles méthodes. « Nos compétences sont particulièrement reconnues en matière d’analyse des sols, de matières fertilisantes et supports de culture, dans les domaines de la microbiologie, la physico-chimie, la biologie et les sciences vétérinaires. Au fil du temps, nous avons dû multiplier nos champs d’expertise pour répondre à la demande de nos clients, au-delà des prélèvements et analyses, explique-t-il. Prélèvement, analyse, traitement des données, étude et interprétation, audit, conseil, expertise, homologation, formation, transfert de technologie… Le LDAR propose aujourd’hui à ses clients une prestation technique complète. « Notre équipe, pluridisciplinaire, emploie environ 150 ingénieurs, docteurs, techniciens, agents et experts du prélèvement, informaticiens, personnels d’administration… Nous pouvons aussi nous appuyer sur un réseau important de partenaires (INRAe, ITB, Chambres d’Agriculture de l’Aisne et de la Marne…), avec lesquels nous travaillons en synergie, pour répondre à toutes les questions liées à la fertilisation et l’environnement, l’agroalimentaire et le domaine de l’eau, jusqu’au transfert de technologie. »
Quatre secteurs d’activité majeurs
« Le domaine de la santé humaine occupe de plus en plus nos activités. À titre d’exemple, l’émergence du COVID-19 nous a particulièrement mobilisés. Il a fallu mettre en place un processus analytique et logistique qui permette de répondre à une demande locale. Une autre de nos missions consiste en l’analyse des eaux de consommation et de loisirs (piscines et eaux de baignade). Les eaux chaudes sanitaires (douches dans les établissements collectifs) ainsi que les tours d’aéroréfrigération sont également surveillées pour prévenir les risques de légionellose », indique Fabrice Marcovecchio. Le LDAR peut également travailler sur l’hygiène alimentaire au service des boulangers, bouchers-charcutiers, artisans traiteurs, restaurations collectives, professionnel de l’agro-alimentaire qui sont soumis à l’obligation d’un auto contrôle sanitaire. « Nous proposons un contrôle sur 5 points : matière première, milieu, méthode de travail, main d’œuvre et matériel. Le laboratoire vérifie les conditions d’hygiène de fabrication des produits destinés à la consommation. » Historiquement, c’est dans le secteur del’agriculture que le LDAR a le plus développé son expertise, avec une aura qui dépasse les frontières de la région Hauts-de-France, berceau de son implantation. « Nous proposons aux professionnels diverses prestations, que ce soit des études afin d’améliorer les rendements et la qualité des productions, ou des conseils directs aux agriculteurs. » Concernant le domaine de l’environnement, le LDAR effectue par exemple un suivi des rejets urbains et industriels dans le cadre de l’autosurveillance : « On va chez l’industriel ou la collectivité, on fait des prélèvements pendant 24h des eaux de rejet et on mesure la charge polluante. C’est une belle illustration de la capacité d’interpréter, avec un prélèvement qui doit être tracé et indépendant, et des analyses qui doivent être objectives. » Enfin, sur le plan de la santé animale, les équipes du Pôle Vétérinaire du LDAR analysent chaque année plus de 130 000 échantillons : campagne hivernale de dépistage des maladies, ESB, recherche de parasites, analyses avant commercialisation de la viande, surveillance des épidémies touchant la faune sauvage…
Normalisation, collaborations internationales et accréditations
Lorsqu’on interroge Fabrice Marcovecchio sur la plus-value du LDAR par rapport à d’autres laboratoires, la réponse est plurielle. « L’intérêt du laboratoire est de proposer des passerelles vers les évolutions règlementaires, de rappeler le contexte règlementaire pour la mise sur le marché d’un produit, et éventuellement la valorisation règlementaire d’un co-produit. On travaille au sein de l’Afnor sur le prélèvement et la qualité de la matière organique, mais aussi sur des règlements qui vont aboutir comme le RCE 2019/1009, effectif cet été, sur les fertilisants et qui introduit la notion de biostimulants. Nous sommes en lien également avec le Comité européen de normalisation et l’ISO. » Autre avantage du LDAR ? « Nos clients sont divers et c’est ce qui fait la richesse de nos missions : agriculteurs, grands producteurs, services de l’État, hypermarchés, restauration collective, distributeurs d’eau, acteurs importants du recyclage… Sans oublier les Agences Régionales de Santé avec lesquelles nous travaillons principalement sur l’eau mais aussi sur la lutte antivectorielle contre le moustique tigre ! Saviez-vous que nous avons un point de colonisation à Laon ? » Les techniciens du LDAR surveillent son implantation dans les 5 départements des Hauts-de-France ainsi que la Marne et les Ardennes, et communiquent des conseils de prévention utiles pour contenir sa trop rapide prolifération. La valeur ajoutée du LDAR tient également à ses nombreuses collaborations internationales : « Nous travaillons depuis toujours avec des importateurs d’engrais en Afrique et dans les DOM-TOM, une manière de se projeter sur la plupart des continents… On a aussi par exemple des clients des USA ou du Canada qui souhaitent accéder au marché européen et qui peuvent nous solliciter pour des analyses, de l’expertise, de l’appui règlementaire. » Enfin, le LDAR peut notamment se prévaloir de 15 agréments ministériels et d’une accréditation par le COFRAC* (COmité FRançais d’ACcréditation).
*Le LDAR a été accrédité en 1994 par le COFRAC pour les analyses de matières fertilisantes et supports de culture. Cette démarche innovante et spontanée était une première en Europe pour les prélèvements et analyses de fertilisants. Bientôt 30 ans plus tard, le LDAR a multiplié son chiffre d’affaires par 20 à minima sur les prélèvements et services, et évaluation des fertilisants ou de leurs intrants. L’accréditation est un gage de compétence reconnu dans le monde entier à travers une norme internationale « qualité dans les laboratoires ».
Priorités d’aujourd’hui et de demain
« Aujourd’hui, notre priorité est l’évaluation réglementaire et sanitaire des fertilisants. Cas concret : lorsqu’un agriculteur vient nous voir pour vérifier si le produit qu’il achète est conforme », informe-t-il. Le rôle du LDAR est alors de vérifier la qualité des produits, mais aussi leur innocuité. « Notre deuxième préoccupation actuelle est de s’assurer que la valorisation des co-produits (digestats, biochars, composts, boues …) ne néglige pas les aspects sanitaires. L’objectif est d’éviter certaines crises… Je pense aux pathogènes végétaux dont on parle de plus en plus comme des bactéries du bois, à l’image de cette maladie qui commence à arriver dans le vignoble champenois, la flavescence dorée. On a constaté une dizaine de foyers l’année dernière. En tant que laboratoire public, notre mission est d’assurer la sécurité sanitaire » Et concernant les projets d’avenir du LDAR ? « Le carbone est un axe. Nous pouvons non seulement apporter des prestations autour d’outils d’aide à la décision, mais aussi des prestations de vérification de la qualité du carbone dans les matières fertilisantes et dans les sols. » Autre voie privilégiée qui continuera à être développée : la formation et l’alternance. Le LDAR s’attache à former son propre personnel en hygiène alimentaire, audit, expertise, prélèvement, veille stratégique… et parfois des externes « Il est indispensable de former les gens qualitativement afin qu’ils puissent vraiment coller à la diversité de nos métiers et à leur spécificité ». Fabrice Marcovecchio l’assure : « Les projets ne manquent pas : les qualités agronomiques, sanitaires, réglementaires et méthanogènes des fumiers de cheval, des herbes de fauches de bord de route et des plantes aquatiques invasives. Tout un programme auquel Fabrice Marcovecchio et l’équipe du LDAR, s’attèleront, sans nul doute, avec tout le professionnalisme et l’expertise qui leur sont reconnus.